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Le Tango Argentin

Le Tango désigne à la fois une danse exécutée en couple et la musique qui l'accompagne, jouée notamment au bandonéon. Démonstration de tango à Buenos Aires

Histoire 

Le tango est né à la fin du XIXe siècle en Argentine et en Uruguay , dans les quartiers populaires de Buenos Aires et Montevideo. L'immigration européenne massive, surtout espagnole et italienne, va apporter des musiques, des mélodies, des rythmes qui vont rencontrer un phénomène rioplatense récent, la milonga.
 
La milonga se diffuse dès le milieu du XIXe siècle dans les faubourgs de Buenos Aires.Mélangeant le rythme musical afro-uruguayen candombe (work song rythmé que chantent les esclaves noirs africains) et la habanera cubaine, la milonga est à la fois chant et danse populaires aux accents parfois mélancoliques mais malgré tout entraînants, profonds et animés. Elle permet aux hommes venus chercher fortune, très nombreux pour un nombre de femmes très limité, de se mettre en concurrence. Du fait de la rareté des femmes, mais aussi de la société masculine dont elle participe très vite, elle se danse essentiellement entre hommes.
 
Les influences européennes multiples et le développement de la danse comme compétition de séduction vont en faire un loisir chargé d'enjeux. Le tango se construit comme codification progressive de passes, de rythmes, de brisures, de l'unification culturelle d'une population dont la diversité est source de tensions...
 
Chaque pas révèle et dénoue dans le même temps les drames de la pauvreté, du pays éloigné, du désir inassouvi. En 1900, 70 % de la population de la capitale argentine est masculine, en quête des richesses d'un monde nouveau. Certains ont fui leur pays, la plupart sont prêts, si ce n'est à tout, du moins à beaucoup. Peu à peu le tango acquiert ses formes, ses signes, ses lieux. Les bordels, les bars du port sont les lieux réputés mal famés, où l'on danse le plus, où la guitare et la flûte se frôlent avant que ne s'impose ce qui deviendra l'instrument du tango : le bandonéon.
 
Au début du XXe siècle, de nombreux jeunes hommes de bonne famille aimant à s'encanailler et surtout à séduire facilement, vont découvrir le tango. Il leur est cependant impossible de danser cette danse, immorale aux yeux de leur classe, avec les jeunes filles de leur milieu. C'est donc à Paris, lors de leurs voyages initiatiques de jeunes bourgeois, qu'ils initieront la société parisienne, cosmopolite et à l'affût de toutes les nouveautés pour s'égayer, à cette danse des bouges et des tripots. Très vite, le tango va être adopté par la capitale française. Choyé, il acquerra ainsi ses lettres de « bourgeoisie ». C'est par ce filtre de l'aura européenne sur la bonne société argentine et uruguayenne que le tango se diffusera finalement sur ses terres natales.
 
Le tango est une culture. Le résumer à la musique et à la danse serait évidemment réducteur. C'est aussi une littérature, comme par exemple Leopoldo Marechal et son célèbre Adan de Buenos Ayres, des poètes tels que Homero Manzi, Celedonio Flores, Evaristo Carriego, Enrique Discépolo, pour ne citer que les plus notables, et c'est encore un cinéma qui a connu son heure de gloire dans la première moitié du XXe siècle avec Carlos Gardel ou encore Libertad Lamarque, Hugo del Carril dans le film El día que me quieras et tant d'autres, tel Fernando Solanas qui réalisa le très émouvant film Súr, dans lequel on retrouve le musicien Nestor Marconi, le chanteur Roberto Goyeneche, l'acteur français Philippe Léotard et dont la musique est principalement écrite par Astor Piazzolla, sans oublier El exilio de Gardel, peu après la chute de la dernière dictature dans son pays.

Technique

La musique du tango est généralement lente et bien marquée rythmiquement. La façon naturelle de danser sur cette musique consiste à marcher sur les temps forts (les temps 1 et 3 de la mesure à 4 temps). Cette marche régulière sur la pulsation musicale est la base du tango. 
 
Mais un danseur peut aussi décider de danser sur des temps faibles (pour marquer un contretemps), ou ne pas danser sur un temps fort (pour faire une pause). On peut jouer sur le rythme, mais aussi sur les mouvements de jambes. Au fil du temps, les pas du tango se sont beaucoup diversifiés. Alors qu'au début le tango n'était qu'une marche, sont apparues ensuite des figures plus complexes, comme les ochos, ganchos, boleos, colgadas, sauts, etc. 
 
Le tango, tel qu'il se pratique en bal, est une danse improvisée, ce qui signifie que les danseurs décident seconde après seconde, en fonction de la façon dont ils sentent la musique (mais aussi de l'espace libre sur la piste), des pas qu'ils vont faire. S'il n'existe pas de pas conventionnel qu'il faudrait reproduire, il y a en revanche des styles qui ont évolué avec le temps et dans lesquels beaucoup aiment à se reconnaitre et s'exprimer. Il est inutile, pour bien danser, d'apprendre beaucoup de séquences par cœur. Le « pas académique », dit salida, est enseigné aux débutants car il a des vertus pédagogiques, mais il est rarement pratiqué en bal : un danseur n'a pas de raison d'effectuer cette séquence plutôt que n'importe quelle autre. La barrida est une figure consistant à déplacer avec son pied celui de sa partenaire en le faisant glisser sur le sol. La femme peut y répondre par le même mouvement en retour. 
 
Il n'y a pas non plus d'« école », car chacun danse en exploitant ses connaissances, mais avec son propre ressenti. Deux personnes de même niveau, ayant suivi les mêmes cours, pourront avoir des styles très différents. 
 
Pour assurer une progression harmonieuse du couple sur la piste, il faut maîtriser la technique essentielle du guidage. Le tango se pratique en général en couple de deux personnes de sexe opposé. Le rôle du guidage revient en général à l'homme. Il décide donc à tout moment des pas de sa partenaire (qu'il contrôle à l'aide de mouvements de son buste, mais aussi de ses bras, son bassin et ses jambes) et de ses propres pas. 
 
 

Le tango de compétition

En compétition de danse sportive, le tango change de style (style international standardisé dans les années 1920) ; c'est une danse progressive comme la valse. 
 
La tenue du tango dit « européen », ou « tango-style », est très différente de celle du tango dit « argentin » au niveau du corps, des bras et des jambes. Le tango argentin est social, improvisé et « senti », alors que le « tango-style » européen est réglé et codifié pour permettre la compétition. 
 
Actuellement, la tendance est plutôt au mélange des deux styles, de sorte que les tangueros de compétition intègrent de plus en plus de motifs improvisés dans leurs compositions. 

Impressions de tango

Danser un tango, c’est plus que faire des pas ou des figures. C'est d'abord un ensemble de codes subtils, qu'il faut savoir gérer et découvrir, puis apprécier... 
 
D'abord, en Argentine, l'homme invite la femme avec le « cabeceo », signe de tête ou regard discret qui permet à l'homme et à la femme, et à eux seuls, de savoir qui dit non ou qui dit oui. La femme qui refuse détournera la tête et le tanguero éconduit saura lui seul que l'invitation est déclinée, ce qui lui permettra de ne pas perdre la face, ceci constituant un spectacle rare et inoubliable pour l'aficionado européen de passage à Buenos Aires. 
 
C’est un contrepoint d’expérience et de créativité, d’équilibre et de sensualité, de communication complice dans une séduction suggérée — une rencontre commençant dans le regard et se poursuivant dans l'« abrazo » (enlacement). 
 
Et c’est à partir de cet enlacement étroit que s’installe, sans échanger un seul mot, la réciproque intention de se livrer. 
 
Enserrant le buste de la femme, le bras droit de l’homme établit la distance et le mode de contact entre les deux corps qui commencent à se découvrir, à échanger, à mutuellement s’adapter, cherchant à se compléter, à s’ajuster, à se fondre en un seul : c'est l'« abrazo » ou étreinte. 
 
Ensuite on attend 10-15 secondes, le temps (comme dit le milonguero) que la musique passe de l'oreille à la tête, puis gagne le cœur. Alors la musique se transmet aux pieds et la danse peut commencer. 
 
Le couple danse en partageant les espaces, les pleins et les vides, écoutant le corps de l’autre, captant son émotion, son anxiété, sa surprise. Les partenaires ne se regardent presque pas et ne se parlent pas. S’ils le font c’est que le langage des corps a échoué. 
 
Dialogue secret de questions et de réponses, parfois demande, parfois esquive, parfois exigence ou réserve, pudeur ou crainte. 
 
Ils ne font qu’un, corps et âmes. 
 
D’aucuns disent que pour danser un tango il faut être deux : pourtant deux ne suffisent pas. Dans cette communion, l’homme et la femme dansent accompagnés par la musique, attentifs au rythme et à la mélodie, et ce sont leurs sentiments qui la transforment en mouvement. 
 
Ils dansent avec l’autre et pour l’autre. Ils dansent avec les autres couples dont ils partagent l’énergie. Ils dansent avec le sol qui leur transmet les vibrations des autres danseurs ; ils lui rendent en caresses l’appui qu’il leur donne. 
 
Dans cet équilibre subtil des relations, aucun ne doit dominer. L’égoïste qui danse seul prive son partenaire de cette union tant désirée. Le couple qui s’isole restera isolé, se privant ainsi de recevoir le feu sacré des autres couples, tout comme il se refuse à apporter sa propre ardeur à la danse partagée. Ceux qui ne font que s’exhiber trahissent leur intimité. 
 
Mais quand tous ces éléments sont réunis de manière égale, la communion est parfaite. 
 
Mystère des corps en harmonie, magie du tango qui les mène à l’extase, émotion intense et totale, du corps et de l’âme. Ils aimeraient que ce tango dure toujours et que rien ne vienne interrompre l’enchantement. 
 
Lorsque s’éteint la dernière note, ils restent enlacés pour quelques instants de plus. 
 
Et quand l’expérience a dépassé l’habituel, les paroles sont inutiles. Ils se regardent presque avec pudeur, voire ne se regardent pas, ébranlés, presque effrayés, devant une telle émotion. 
 
 
(Droit d'auteur : Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL))
Source :  http://www.tango-argentin.org
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